モンテーニュの『エセー』を読む(5)

モンテーニュの『エセー』を急ぎ足で読む。
邦訳は原二郎訳、岩波文庫版、第一巻、フランス語の原文は
http://artflsrv02.uchicago.edu/cgi-bin/philologic/getobject.pl?c.0:2:1.montaigne
による。原文の黒い部分は1580年の初版、青い部分は1588年の増訂部分、赤い部分は、自筆の加筆部分である。

   

Chapitre 05


[p. 25]
Si le Chef d'une Place Assiegée Doit Sortir pour Parlementer

Lucius Marcius, Legat des Romains, en la guerre contre Perseus, Roy de Macedoine, voulant gaigner le temps qu'il luy falloit encore à mettre en point son armée, sema des entregets d'accord, desquels le Roy endormy accorda trefve pour quelques jours, fournissant par ce moyen son ennemy d'oportunité et loisir pour s'armer: d'où le Roy encourut sa derniere ruine. Si est ce, que les vieils du Senat, memoratifs des moeurs de leurs peres, accuserent cette pratique comme ennemie de leur stile antien: qui fut, disoient ils, combattre de vertu, non de finesse, ni par surprinses et rencontres de nuict: ny par fuittes apostées, et recharges inopinées: n'entreprenans guerre qu'apres l'avoir denoncée, et souvent apres avoir assigné l'heure et lieu de la bataille. De cette conscience ils renvoièrent à Pyrrhus son traistre medecin, et aux Falisques leur meschant maistre d'escole. C'estoient les formes vrayment Romaines, non de la Grecque subtilité et astuce Punique, où le vaincre par force est moins glorieux que par fraude. Le tromper peut servir pour le coup; mais celuy seul se tient pour surmonté, qui sçait l'avoir esté ny par ruse ny de sort, mais par vaillance, de troupe à troupe, en une loyalle et juste guerre. Il appert bien par le langage de ces bonnes gens qu'ils n'avoient encore receu cette belle sentence: [Image 0007v]

dolus an virtus quis in hoste requirat?

Les Achaïens, dit Polybe, detestoient toute voye de tromperie en leurs guerres, n'estimants victoire, sinon où les courages des ennemis sont abbatus. Eam vir sanctus et sapiens sciet veram esse victoriam, quae salva fide et integra dignitate parabitur, dict un autre. Vos ne velit an me regnare hera quidve ferat fors Virtute experiamur.
[p. 26]
Au royaume de Ternate, parmy ces nations que si à pleine bouche nous appelons barbares, la coustume porte qu'ils n'entreprennent guerre sans l'avoir premierement denoncée, y adjoustans ample declaration des moïens qu'ils ont à y emploier: quels, combien d'hommes, quelles munitions, quelles armes offensives et defensives. Mais cela faict aussi, si leurs ennemis ne cedent et viennent à accort, ils se donnent loy au pis faire et ne pensent pouvoir estre reprochés de trahison, de finesse et de tout moïen qui sert à vaincre. Les anciens Florentins estoient si esloignés de vouloir gaigner advantage sur leurs ennemis par surprise, qu'ils les advertissoient un mois avant que de mettre leur exercite aux champs par le continuel son de la cloche qu'ils nommoient Martinella.
Quand à nous, moings superstitieux, qui tenons celuy avoir l'honneur de la guerre, qui en a le profit, et qui apres Lysander, disons que où la peau du lion ne peut suffire, il y faut coudre un lopin de celle du renard, les plus ordinaires occasions de surprinse se tirent de cette praticque: et n'est heure, disons nous, où un chef doive avoir plus l'oeil au guet, que celle des parlemens et traités d'accord. Et pour cette cause, c'est une reigle en la bouche de tous les hommes de guerre de nostre temps, qu'il ne faut jamais que le gouverneur en une place assiegée sorte luy mesmes pour parlementer. Du temps de nos peres cela fut reproché aux seigneurs de Montmord et de l'Assigni, deffendans Mouson contre le comte de Nansaut. Mais aussi à ce conte, celuy-là seroit excusable, qui sortiroit en telle façon, que la seureté et l'advantage demeurast de son costé: comme fit en la ville de Regge le comte Guy de Rangon (s'il en faut croire du Bellay, car Guicciardin dit que ce fut luy mesmes) lors que le Seigneur de l'Escut s'en approcha pour parlementer: car il abandonna de si peu son fort, qu'un trouble s'estant esmeu pendant ce parlement, non seulement Monsieur de l'Escut et sa trouppe, qui estoit approchée avec luy, se trouva la plus foible, de façon que Alexandre Trivulce y fut tué, mais luy mesmes fust contrainct, pour le plus seur, de suivre le Comte, et se jetter sur sa foy à l'abri des coups dans la ville. Eumenes en la ville de Nora pressé par Antigonus qui l'assiegeoit, de sortir parler à luy, et qui apres plusieurs autres entremises alleguoit, que c'estoit raison qu'il vint devers luy, attendu qu'il estoit le plus grand et le plus fort, apres avoir faict cette noble responce: Je n'estimeray jamais homme plus grand que moy, tant que j'auray mon espée en ma puissance, n'y consentit, qu'Antigonus ne luy eust donné Ptolomaeus son propre nepveu ostage, comme il demandoit.
[p. 27]
Si est-ce que [Image 0008] encores en y a il, qui se sont tres bien trouvez de sortir sur la parole de l'assaillant. Tesmoing Henry de Vaux, chevalier Champenois, lequel estant assiegé dans le chasteau de Commercy par les Anglois, et Barthelemy de Bonnes, qui commandoit au siege, ayant par dehors faict sapper la plus part du Chasteau, si qu'il ne restoit que le feu pour accabler les assiegez sous les ruines, somma le-dit Henry de sortir à parlementer pour son profict, comme il fit luy quatriesme, et son evidente ruyne luy ayant esté monstrée à l'oeil, il s'en sentit singulierement obligé à l'ennemy: à la discretion duquel apres qu'il se fut rendu et sa trouppe, le feu estant mis à la mine, les estansons de bois venus à faillir, le Chasteau fut emporté de fons en comble. Je me fie ayseement à la foy d'autruy. Mais mal-aiseement le fairoy je lors que je donnerois à juger l'avoir plustost faict par desespoir et faute de coeur que par franchise et fiance de sa loyauté.

 

第五章 「包囲された軍の大将は談判のために城を出るべきか」
 奇妙なタイトルだが、かつてローマがマケドニアと戦った際に、軍を配備する時間の余裕が欲しくて、和解の申し入れをしたことを指している。マケドニアの大将は、それに応じて時間を与えたのでローマ軍は武装を整える時間をえられ、マケドニアは敗れることになった。大将は城を出てはならないのである。
 モンテーニュはこうした策略は勇敢さを尊ぶローマにはふさわしくないと考えている。「計略や幸運によってではなく、勇気によって、隊と隊とのと正々堂々たる戦いにおいて負けたと知る者のみが、本当に負けたと自覚するのである」(45)。誠実であろうとすること、しかし騙されることが多いこと。